by lphinfo.com

Rav Benchetrit Therapie de couple et chalom bayit
Rav Benchetrit Therapie de couple et chalom bayit

Le Plus Hebdo : Commençons par le commencement… Y-a-t-il un âge pour se marier ?

Rav Yehia Benchetrit : J’aime à dire qu’il est bon que les gens se marient quand ils sont « mariables »… En effet, je rencontre beaucoup d’adolescents aujourd’hui qui ont entre 15 et 17 ans et qui sont en couple. Ils ont des discours d’adultes avec des corps d’enfants, veulent se marier vite mais se retrouvent confrontés à des problèmes de couple qui sont, en réalité, des enfantillages… Ce n’est pas le moment propice pour aborder ce sujet ! Par ailleurs, ceux qui attendant trop longtemps pour se préoccuper de la question s’adaptent de plus en plus difficilement à l’autre. Ils sont déjà des assiettes en porcelaine, ils ne sont plus deux boules de terre glaise que l’on peut travailler facilement. Il faut rencontrer des personnes en vue de se marier quand on est prêt à se marier dans les six mois qui suivent.

 

LPH : Comment faire pour qu’une relation aboutisse à un mariage qui parte du bon pied ?

Rav Y.B. : Je soutiens l’idée qu’une relation en vue d’un mariage doit commencer un peu comme si on était un chasseur de tête à la recherche d’un bon parti pour son cousin ou sa cousine. J’entends par là qu’il faut, dans un premier temps, apprendre à connaître le mieux possible la personne en face avant de déclencher les sentiments. Sinon on ne peut qu’aller de déception en déception puisque c’est à l’image qu’on s’est faite de l’autre qu’on s’attache et non à ce qu’il (elle) est vraiment. La première étape consiste donc à être intellectuellement rassuré. Ensuite, on ouvre les sentiments. Il est important aussi d’être rassuré émotionnellement. Suis-je bien avec lui/elle ? Suis-je content quand il/elle m’appelle ? Me manque-t-il/elle quand nous sommes séparés ? La troisième étape consiste à faire une coupure de quelques jours, ne plus se voir pendant un certain temps et prier. Il faut demander à D’ qu’Il nous donne un signe pour savoir s’il s’agit bien de la personne qu’il nous faut. Ces quelques jours de recul et de prières permettent de constater certains aspects qui feront définitivement pencher la balance : c’est la bra’ha de D’ !

LPH : Compte-t-on réellement de plus en plus de célibataires ?

Rav Y.B.: Oui, c’est exact. J’explique le phénomène par la logique de consommation qui prédomine dans l’esprit de beaucoup de jeunes. Cette logique veut que l’on se dise que l’on peut toujours avoir mieux : « je ne vais pas acheter l’iPhone 5, j’attends le 6, il sera encore mieux » ! On veut épouser un produit fini. Le mariage ne se pense pas suivant une logique de consommation mais d’investissement. Il faut aussi prendre en compte l’ingrédient « emouna » et être conscient qu’un jour il faudra plonger ! Beaucoup de problèmes de couple sont dus au fait que l’un des conjoints voudrait rester célibataire : le mariage nécessite un changement dans son approche sur de nombreuses habitudes. Le couple est le partenariat le plus long que l’on conclura : on part pour travailler.

 LPH : On dit souvent que si les personnes restent célibataires, c’est parce qu’elles ne sont pas prêtes à fermer les yeux sur certains défauts de l’autre. Jusqu’à quel point faut-il accepter ce qui nous dérange ?

Rav Y.B. : J’appelle ce que vous évoquez « le prix à payer ». Se lancer dans le mariage c’est savoir, à un moment donné, renoncer mais aussi réfléchir. Quand il s’agit de défauts extrêmes, alors il ne faut même pas commencer ! Il y a des défauts réglables à court terme et d’autres non. Mais il faut savoir que tout le monde a ses défauts et que le problème que je vois chez l’autre est souvent un complément à un défaut que j’ai en moi. On est là pour évoluer ensemble. 

LPH : Vous avez une expérience de milliers de chidou’him et vous assurez le service après-vente ! Quels sont les problèmes les plus fréquents qui affectent le shalom bayit ?

Rav Y.B. : Le mariage implique que les deux époux s’engagent à travailler, ce n’est pas du tout cuit. À Paris, selon les chiffres du Consistoire, on célèbre environ 1000 mariages par an et l’on compte entre 400 et 500 divorces par an. Il faut partir sur une base de confiance, de communication positive et constructive. Les problèmes de shalom bayit surviennent lorsqu’il faut remettre à leur place certains aspects, en réalité absents depuis le départ. Les trois-quarts des problèmes de couples sont des problèmes purement individuels. Les conjoints reportent sur l’autre leurs propres travers, leurs propres faiblesses. Un homme qui n’aura pas confiance en soi pourra répéter sans arrêt à sa femme qu’elle est nulle… Lorsque les lacunes sont présentes déjà avant le mariage et que l’on ne les règle pas alors au fur et à mesure, cela empire : avec le mariage, avec l’arrivée des enfants. En effet, aux problèmes personnels, on ajoute les problèmes couple, puis les problèmes d’éducation… Le couple est un travail au quotidien, ceux qui ne le travaillent pas se retrouvent confrontés à des problèmes conjugaux.

 LPH : Parfois les problèmes sont liés à des éléments extérieurs (beaux-parents, amis, travail,…). Comment les surmonter ?

Rav Y.B. : Le degré de pénétration des agressions extérieures dépend du vide intérieur. Cela est valable pour beaucoup de choses dans la vie. Donc, il faut renforcer son intérieur, son couple, son foyer. Si la maison est bien construite, les murs protègent des désagréments climatiques. Renforcer la solidarité du couple, leur intérieur, leur donne les armes pour tout assumer vis-à-vis de l’extérieur.

LPH : La notion de couple heureux, de mariage réussi, est-elle en péril aujourd’hui ?

Rav Y.B. : Les problèmes de couple sont comme un cancer : c’est une maladie invisible pour l’extérieur mais qui bouffe tout. Le couple, c’est la cellule du Am Israël et aujourd’hui les valeurs qui dominent sont celles de la consommation et de l’égoïsme, tout le contraire de ce qui devrait prévaloir, à savoir : l’investissement, la construction, le sacrifice. Il nous faut investir davantage dans la préparation au mariage, au moins autant que dans le choix de la salle, du traiteur ou du DJ. Nous devons combler ce déficit qui permettrait aux jeunes couples de mieux comprendre l’esprit du mariage et les clés de sa réussite. Le mariage ce n’est pas cohabiter mais coexister.

LPH : Après cette entretien, le mariage semble être plus un défi compliqué qu’une partie de plaisir…

Rav Y.B. : Le couple est la plus grande école de l’évolution personnelle. Le principe fondamental du mariage étant l’amour, alors l’autre ne peut que vouloir mon bien, vouloir que je devienne quelqu’un de toujours meilleur. En vérité, c’est cela qui nous embête : notre conjoint veut nous obliger à ne pas stagner, à toujours évoluer. Si on comprend cela et qu’on arrive à dépasser notre amour propre alors le mariage, c’est le paradis !

 Guitel Ben-Ishay – LPH

 

FavoriteLoadingAjouter aux favoris

Leave a reply